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La nature et le monde animal, eux, ne mentent jamais

Puycelci, le dimanche 23 novembre 2014

8h54

UNE PETITE FABLE DE LA FONTAINE

« La vie en Grésigne » : cette rubrique est née de mon envie de vous faire partager quelques images de la vie à la campagne, qui a pour mon cas un énorme avantage. On n’y rencontre que peu d’être humains et la qualité de la vie y est proche de la perfection (pas de bouchons de bagnoles, pas de parkings payants, pas de feux tricolores, pas de radars automatiques, pas de ronds-points, pas de cités-dortoirs ni d’espaces de consommation standardisés à moins de 20 kilomètres, etc, etc). Des arbres, des prairies, des champs, des chevaux, des biches, des sangliers, des lapins, des oiseaux : nature et silence sont omniprésents. Non pas que je n’aime pas mes semblables, mais les croiser trop souvent, je n’avais plus envie, déçu par le comportement de la plupart d’entre-eux (simples, généreux et honnêtes 20%, compliqués, radins et faux-culs voire charlatans 80%).

De Paris à Toulouse en passant par l’île de Ré et quelques villages du Tarn, j’ai pourtant tout essayé depuis que j’ai quitté Paris en 1994, mais j’ai finalement atterri près d’une forêt, à quelques kilomètres du site de Sivens, en août 2007.

Double arc-en-ciel en face de la maisonnette NT, mai 2013

Double arc-en-ciel en face de la maisonnette NT, mai 2013

Ce préambule pour en arriver à la fable de ce dimanche, de Mr La Fontaine bien-sûr, qui décrit un comportement humain omniprésent sur le marché de la bourse, il s’agit d’une simple mise-en-garde. Partout où il y a beaucoup d’argent, les charlatans sont présents et ils ramassent le gros du chiffre d’affaires : c’est le cas dans l’internet boursier. Qui n’a pas cru au gourou de la bourse, vendant le Graal du 100% gagnant contre quelques milliers d’euros ? Cela n’existe pas, c’est comme si on croyait à la promesse du charlatan de la fable suivante :

**********

LE CHARLATAN (source : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/charlatan.htm)

Le monde n’a jamais manqué de Charlatans : (1)
Cette science, de tout temps,
Fut en Professeurs très fertile.
Tantôt l’un en théâtre affronte l’Achéron, (2)
Et l’autre affiche par la ville
Qu’il est un passe-Cicéron. (3)
Un des derniers se vantait d’être
En éloquence si grand maître,
Qu’il rendrait disert un Badaud,
Un Manant, un Rustre, un Lourdaud ;
Oui, Messieurs, un Lourdaud, un Animal, un Âne :
Que l’on amène un Âne, un Âne renforcé,
Je le rendrai maître passé,
Et veux qu’il porte la soutane.
Le Prince sut la chose, il manda le Rhéteur.
J’ai, dit-il, dans mon écurie
Un fort beau Roussin d’Arcadie : (4)
J’en voudrais faire un Orateur.
Sire, vous pouvez tout, reprit d’abord notre homme.
On lui donna certaine somme.
Il devait au bout de dix ans
Mettre son Âne sur les bancs ;
Sinon il consentait d’être en place publique
Guindé (5) la hart (6) au col, étranglé court et net,
Ayant au dos sa Rhétorique,
Et les oreilles d’un Baudet.
Quelqu’un des Courtisans lui dit qu’à la potence
Il voulait l’aller voir, et que, pour un pendu,
Il aurait bonne grâce et beaucoup de prestance :
Surtout qu’il se souvînt de faire à l’assistance
Un discours où son art fût au long étendu . (7)
Un discours pathétique, et dont le formulaire
Servît à certains Cicérons
Vulgairement nommés larrons.
L’autre (8) reprit : Avant l’affaire,
Le Roi, l’Âne, ou moi, nous mourrons.

            Il avait raison. C’est folie
De compter sur dix ans de vie.
Soyons bien buvants, bien mangeants ,
Nous devons à la mort de trois l’un (9) en dix ans.

Source : Abstemius, fable 133 : Le maître de grammaire qui instuisait un âne (Nevelet p.592), qui se termine ainsi : : La fable montre aux gens en danger que gagner du temps est souvent utile (d’après G. Couton, fables, p. 460)

(1) Faux médecin qui harangue sur la place publique pour amasser du monde et vendre ensuite remèdes et drogues.
(2) la mort
(3) un orateur qui surpasse Cicéron
(4) le roussin est un cheval robuste et l’Arcadie ne nourrit que des ânes, d’où l’effet burlesque.
(5), (6) (7) cérémonial de l’exécution à la peine capitale ( la hart est la corde du pendu). Des écriteaux sur le condamné expliquent son crime…Le condamné fait un discours dans lequel il explique sa faute et demande pardon à Dieu…

La moralité est double :

– Se méfier des charlatans
– tenir compte du temps : la vie est brève

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La réalité de la bourse, quand on la connait, c’est du travail, du travail, et encore du travail. L’argent facile n’existe pas !

Bon dimanche et à demain matin pour de nouvelles aventures boursières.

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