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Les paroles en l’air, les promesses non tenues et les petits arrangements entre amis

Puycelsi, le dimanche 25 janvier 2015

8h54

LE COUP DE GUEULE DU DIMANCHE MATIN

Petite histoire vraie :

Janvier 2012 : bureau de la direction des ressources humaines d’une multinationale française, entretien d’embauche pour un poste de commercial.

« Madame, on veut bien vous prendre, mais en CDD, au salaire de base, et pour travailler à 400 kilomètres de chez vous. Faites vos preuves, on verra ensuite. »

Il faut dire que Madame, pourtant à ses objectifs chaque année, avait été virée de la société précédente fin 2010 sur l’autel des petits arrangements de ses patrons, qui avaient besoin de son poste pour un de leur copain (Madame l’a su après coup bien-sûr, tout se sait un jour) : ces salopards avaient essayé de la virer pour faute alors que ses soit-disant malversations avaient été créées de toutes pièces. Heureusement que Madame était mariée à un teigneux qui l’a poussée à monter un dossier pour faire la preuve de son « innocence » et au moins obtenir une indemnité de la part de ces menteurs. Les deux parties ont trouvé un arrangement pour éviter les prud’hommes, la société des enflures a payé mais pour se venger, vexés qu’une salariée se soit défendue, les cadres ont colporté des bruits sur le terrain comme quoi Madame était une menteuse et qu’elle faisait des faux bons de commandes, c’est pour çà qu’ils avaient du la lourder ! Si Madame avait su, elle aurait été jusqu’aux prud’hommes quitte à toucher moins d’argent, car la vérité aurait été écrite officiellement … mais c’était trop tard. Pendant presque deux ans, aucun entretien malgré de nombreuses annonces jusqu’au jour où cette boite que je ne nommerai pas (je la hais, et je vois son nom tous les jours dans les palmarès des actions françaises) se décida à faire travailler Madame au rabais.

Juillet 2014 : Madame signe enfin un contrat CDI après avoir fait ses preuves, même plus, puisque son secteur pointe dans les trois premiers sur trente, alors qu’il était 29ème fin 2011 – pourtant, aucune augmentation, aucune proposition pour travailler plus près de la maison, aucun encouragement, rien du tout.

Janvier 2015 : entretien annuel d’évaluation. Madame demande quelle est la récompense puisqu’elle a fait ses preuves, à moins que la progression de 29ème à 3ème ne soit qu’une anecdote ? Réponse de la hiérarchie : vous êtes dans les grilles de salaires de l’entreprise, il n’y a rien de prévu (va te faire foutre) !

Conclusion : être au mauvais endroit au mauvais moment en 2010, cela peut donner deux ans de chômage et deux ans d’esclavage loin de sa famille (et ce n’est pas fini) ! Madame a du courage, elle veut maintenir son niveau de vie et ses compétences professionnelles, mais elle ne voit son fils et son mari que deux jours par semaine et paie le loyer d’un studio pour pouvoir travailler sur son secteur lointain. D’ailleurs, elle est troisième avec 8 heures de route en plus que ses collègues (4h le lundi matin, 4h le vendredi soir), donc moins de temps pour aller voir ses clients.

Est-ce cela notre société du mérite qui, soit-disant, récompense les meilleurs ? Comment voulez-vous avoir confiance dans ce monde de l’entreprise pourri jusqu’à l’os par les petits arrangements entre amis bien placés, les paroles en l’air et les promesses non tenues ? Ces personnes qui vous mentent pour mieux vous exploiter ensuite, qui oublient tout lorsqu’il faut assumer leurs agissements et se foutent de savoir si vous êtes heureux et épanoui dans la vie, ont aussi enfants et famille pour la plupart. Je suis même certain qu’ils se sont tous sentis Charlie, ces loups ont du se déguiser en agneaux pour l’occasion. Cela me fait penser au mec (ou à la fille) rentrant tard le soir après avoir trompé son conjoint, et qui lui dit en arrivant : « Je suis crevé de cette journée mon amour, on a eu du boulot par dessus la tête, j’ai du faire quelques heures de rab, et toi ça s’est bien passé ? ».

L’avantage d’être indépendant au milieu de la forêt, c’est qu’on ne croise plus de loups déguisés en agneaux mais des vraies biches, c’est quand même plus sympathique. Par contre, on est face à soi-même, on vit une aventure chaque jour, le revenu fluctue du simple au triple, mais on se sent tellement mieux :

La Maison NT en lisière de bois

La Maison NT en lisière de bois

Bon dimanche à tous les agneaux et à tous les loups (il doit y en avoir quelques-uns qui me lisent en se foutant de ma gueule), et à demain matin pour vivre de nouvelles aventures boursières.

3 Réponses to “Les paroles en l’air, les promesses non tenues et les petits arrangements entre amis”

  1. exotic_007 25 janvier 2015 at 9 h 44 min #

    Bonjour Mr Huneau,
    Pensez vous qu »il y a un cygne noir qui peut surgir et faire changer la donne?
    Tout le monde est content de l’action de la BCE (traitée de historique mais tout le monde sait que cet argent va aux riches et leurs copains).?
    Tout le monde parlait de Krach il y a même pas quelques mois et maintenant tout est rose.
    L’euro s’effondre et certes le prix des produits importés va être plus cher (donc le niveau de vie du français moyen va se dégrader et je ne sais pas par quel moyen ça va relancer une économie déjà morte?
    merci

    • Olivier Huneau 26 janvier 2015 at 6 h 46 min #

      Bonjour,
      C’est la même situation qui perdure depuis le début des années 2000 : un capitalisme à bout de souffle qui a du mal à créer des emplois et de la richesse sur la dette émise, qui monte plus vite que la croissance – la bce met un pansement, mais les problèmes de la zone euro sont intacts – un krach arrivera de toutes façons, c’est le cycle du capitalisme – seul le timing reste inconnu d’où la phrase connue et si vraie : « le marché vous ruinera avant que vous ayez raison » – surveillez les obligations d’état, je pense que c’est par elles que viendra la sérieuse alerte.
      C’est la raison pour laquelle ma gestion actions est prudente, car c’est au moment de la mega-correction que les investisseurs peuvent obtenir des actions à des conditions préférentielles pour le long terme (exemple : du casino à 60 euros et moins).
      Bonne semaine

  2. goblet 25 janvier 2015 at 11 h 16 min #

    Bonjour Olivier,

    Je ne suis malheureusement pas étonné du récit des mésaventures de ta femme qui traduit bien l’ambiance qui règne dans le monde du travail (en France) depuis trop longtemps. Bravo pour votre courage à tous les deux.
    Je suis d’ailleurs affolé et inquiet de voir mes deux fils arriver dans ce monde de gueux et de faux cul car nous ne les avons pas éduqués comme cela et donc pas préparés.
    Je les encourage donc à envisager d’aller voir ailleurs si l’herbe est un peu plus verte (quitter la France)
    Bon dimanche

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