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La fraise et la tomate-cerise

12H05

Vouloir tout, tout de suite, pourquoi faire ?

11h30 : de retour du marché, j'ai pris deux clichés du jardin en rentrant pour illustrer le sujet de ce dimanche, qui n'est pas sans nous rappeler l'un des fondements de la crise que nous vivons actuellement. Un caprice d'enfant qui veut son jouet tout de suite, un caprice de grand qui veut être propriétaire tout de suite, qui veut manger sa tomate en décembre et sa fraise en février : vous l'aurez compris, le crédit sous toutes ses formes est la base de la crise de ce début de XXIème siècle.

Cela coûte énormément d'argent à l'humanité et cela rend malade notre terre, avec l'oxygène et l'eau qui vont avec : chacun d'entre-nous aspire au "tout, tout de suite" et pourtant, en tant qu'échantillon humain des années 60, j'affirme que je suis plus heureux aujourd'hui en forêt tarnaise qu'à Paris où j'ai vécu pendant mes trentes premières années, en consommateur décérébré.

Changer d'endroit, passer du béton à l'arbre, et essayer de mieux se mettre en phase avec la réalité de la vie, rythmée par le cycle des saisons. S'appliquer à soi-même une consommation plus raisonnée et se défaire des incitations permanentes à acheter qui sévissent dans les zones urbanisées. Je ne vis pas en homme des bois, la preuve, je vous écris de mon poste informatique, je dispose donc d'électricité et d'internet 🙂

Au fil des ans, j'ai muté (parfois difficilement, comme par exemple, l'arrêt du coca-cola il y a quelques années, une drogue dure, ce fut vraiment difficile, j'ai du interdire la marque à la maison, on a remplacé par du jus de fruits bio régional) – j'ai découvert les joies du potager : préparation, travail de la terre, entretien, chaque matin, de mai à septembre, de nouvelles découvertes sont au rendez-vous … et pendant tout l'été, c'est le festival du vrai goût !!! On fait quelques légumes congelés pour l'hiver, quelques sauces-tomates.

La prime, c'est que certaines plantes du potager sont vivaces et reviennent tous les ans, se multiplient sans besoin d'y investir un euro : c'est, par exemple, le cas des fraises et des tomates-cerises.

La fraise : un cadeau d'Americo de quelques pieds l'an dernier, j'en ai déjà le double cette année !!! Je ne mange que des fraises de producteurs locaux, ou les miennes – c'est donc à partir du mois de mai que la fraise entre à la maison, pour deux mois. En consommant des fraises d'Espagne en avril, vous mangez de la merde, c'est quand même le plus important à signaler, et vous consommez du transport et de la multinationale de la chimie, donc de l'énergie inutile.

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La tomate-cerise : ce bouquet s'est semé tout seul, il ne reste plus qu'à éclaircir et le tour est joué – bien-sûr, j'achète toujours un ou deux nouveaux plants chaque année, pour ne pas voir les générations dépérir ! Comme pour la fraise, je ne mange plus de tomates de supermarché depuis des années, j'en mange moins certes, mais elles sont en tous points délicieuses, avec une empreinte-carbone nulle puisqu'elles viennent toutes du potager, situé à une dizaine de mètres de la porte de la maison – en outre, je n'utilise aucun engrais ni pesticide et l'endroit n'a pas été cultivé depuis plus de 15 ans à ma connaissance : donc, c'est du vrai bio 🙂

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La nature, elle, ne fait pas crédit (moi non plus d'ailleurs) : pour manger une bonne tomate, ou une bonne fraise, il faut être patient, il faut le mériter – tout plaisir doit s'obtenir d'un effort (à mon humble avis) : prendre le plaisir contre un effort futur, c'est le monde à l'envers, le contraire de la logique, la preuve, quand le plaisir fait oublier l'effort pourtant nécessaire, on coule corps et biens … la nature n'accepte pas les cartes de crédit ni les compromissions, c'est en cela qu'elle est merveilleuse.

L'essentiel dans la vie, c'est de se sentir bien, donc d'être heureux

En accord avec la nature, sans voisin, sans clôture, tout en bénéficiant de quelques menues technologies pour gagner ma vie, je le suis (bien) !

Prochain RDV demain matin après l'ouverture (je serai occupé avec le gamin, madame part aux prud'hommes).