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Investissement ou trading ? Mieux se connaître pour améliorer ses performances

Salvagnac, le dimanche 27 février 2022

ADAPTER SON MODE OPERATOIRE EN FONCTION DE SON PROFIL NATUREL ET DE SES COMPETENCES : UTILISER SES FORCES (ET AMELIORER SES FAIBLESSES)

Introduction :

Le 7 avril 2001, j’achetais mes premières actions au guichet de ma banque – entre ce premier jour et aujourd’hui, j’ai vécu une expérience suffisamment grande pour me permettre de vous entretenir sur un sujet peu, voire jamais abordé en bourse, alors qu’il s’agit de la première chose à faire avant de se lancer : mieux se connaître pour adapter sa façon d’investir à son profil naturel et à ses compétences.

Comme la plupart des gens, j’ai commencé en suivant des conseils émanant de « spécialistes » et au bout de quatre années, j’avais perdu plus de 30% de mon capital alors que mon but était de faire mieux que le rendement du livret A (3% par an à l’époque, cela me semblait un objectif atteignable sans effort particulier, je me suis trompé dans les grandes largeurs) – il est vrai qu’en démarrant 5 mois avant les attentats du Wall Trade Center et peu avant l’éclatement de la bulle internet, les conditions n’étaient franchement pas très favorables, mais d’une part, on ne s’en rend compte qu’après coup, et d’autre part, rien ne dit que dans une période haussière, je m’en serais mieux sorti. Ainsi, il m’a fallu beaucoup travailler et me remettre en question pour finalement réussir à remonter la pente et revenir à l’équilibre en 2013/2014, au prix d’un effort personnel important. Depuis, avec le gros avantage de savoir exactement qui je suis, je ne rêve plus de fortune mais « je fais ce que je sais faire » et m’interdit, par exemple, le trading, c’est à dire de prendre des positions importantes avec stop-loss et objectifs courts dans le temps (un à quelques jours). Je m’interdis également le levier (SRD ou CFD).

J’ai finalement opté pour une solution de gestion qui s’apparente à celle d’un fonds actions « hyper-diversifié » avec horizon de temps moyen long terme, sans stop-loss programmé, et avec des choix basés à 80% sur les données des comptes des entreprises (analyse fondamentale). Pour en arriver à ce choix, j’ai d’abord réalisé un simple bilan de compétences : j’ai fait une grande école de commerce (ESLSCA, 1983/1986), je sais donc lire les comptes d’une société et j’ai une base correcte en macro et micro-économie, j’ai également une bonne mémoire des chiffres mais un visuel dans l’espace déficient (ce qui n’aide pas pour l’analyse purement graphique). Mes études sont donc la seule compétence que j’ai en relation avec la bourse. Pour le reste, j’ai exercé la profession de gestionnaire en grande distribution, puis celle de commercial dans l’électronique grand public. En terme de violons d’Ingres, je suis auteur-compositeur-interprète, j’aime évidemment et au dessus de tout la musique. J’aime aussi lire, écrire, jardiner, le calme de « ma » campagne tarnaise, les animaux, j’aime aussi rêver, je suis un utopiste-humaniste, torturé et plutôt introverti. Mes passions n’apportent donc rien pour la bourse, elles sont même un gros handicap pour ce qui est du trading !

I) ÊTRE HONNÊTE AVEC SOI-MÊME :

Dans la vie, on peut mentir sans que les conséquences ne soient graves, et encore, cela dépend des circonstances (exemples : qui a trompé son conjoint, s’est fait prendre, et a divorcé ensuite ? qui a trahi son meilleur ami et a regretté ensuite de ne plus jamais le revoir ?). En bourse, se mentir à soi-même aboutit toujours à l’échec, il n’y a pas de rattrapage possible : invoquer la malchance à tout bout de champ, se dire que ça ira mieux demain sans opérer un quelconque changement dans son attitude, persister dans les pertes en se disant que sa méthode est la bonne, s’accrocher à un « maître/conseilleur » alors que les résultats ne sont pas au rendez-vous, autant de « travers » qui coûteront cher à un moment donné. Si vous êtes honnêtes avec vous-même, la suite de cet article va sans doute vous intéresser, voire vous apporter un peu de lumière ; sinon, inutile d’aller plus loin !

II) L’INVESTISSEMENT MOYEN-LONG TERME :

Sauf exception, votre profil naturel, en supposant que vous respectiez quelques règles de base, sera adapté à cette activité car les penchants naturels communs à tous les humains ne sont pas un handicap pour obtenir des résultats au moins corrects (ne pas perdre sur longue distance).

Les règles de base :

a) La diversification : le long terme suppose qu’on achète et qu’on garde. Il est donc hors de question de coller 10 valeurs avec une exposition de 10% chacune et d’attendre. En effet, il vous suffira de deux ou trois très mauvais choix, d’un krach boursier, ou de la faillite d’une de « vos » entreprises pour mettre votre capital en danger, et plus la perte latente globale sera importante, plus vos capacités de raisonnement logiques disparaîtront au profit de la panique. Ainsi, vous vendrez de peur d’aller encore plus bas, et peu après, les cours remonteront, vous le regretterez, et, par frustration et regret, vous commencerez à enchaîner les actions non réfléchies qui finiront par vous pousser à tout arrêter tellement le rouge aura envahi votre compte.

b) L’équilibre : la diversification ne suffit pas, il faut également éviter les surexpositions sur une ou plusieurs valeurs. Renforcer une ligne qui baisse au point qu’elle représente un jour 15/20% ou plus de votre investissement global est une erreur qui peut également vous coûter cher. En effet, lorsqu’un titre baisse durablement, c’est qu’il y a une raison : si vous renforcez au fil de la baisse et que vous tombez sur une entreprise qui ne remontera jamais bien haut, ou parfois, fera faillite, vous aurez entamé votre capital de façon suffisamment importante pour tomber dans la situation décrite plus haut (capacités de raisonnement envolées etc).

c) Le choix des valeurs : éviter scrupuleusement toutes les entreprises surendettées, en perte récurrente, ou spéculatives (comme par exemple, les biotechnologies qui ne font pas encore de chiffre d’affaires). Les retours à meilleure fortune se produisent, mais en majorité, ces sociétés en difficultés ne vous apporteront que des problèmes sur le long terme.

d) Avoir des liquidités en permanence : être investi à 100% est une hérésie. Vous ne disposez alors d’aucune marge de manoeuvre lorsque les marchés se replient fortement. Or, c’est dans ces moments où « plus personne n’en veut » que l’investisseur construira sa performance long terme. Je fais varier mon volant de liquidités en fonction de la performance du compte et de la « hauteur relative » des indices. Actuellement, j’ai 47% de plus-values sur une exposition de 50% qui contient 42 valeurs différentes (portefeuille Club NT) et 50% de liquidités – je ne réinvestis pas les plus-values réalisées. Si j’avais moins d’avance, j’aurais un montant de cash plus important au vu de la hauteur des indices et des risques identifiés par tous (géopolitique, future remontée des taux aux USA).

Les trois penchants naturels néfastes au trading mais pas à l’investissement :

a) J’ai du mal à vendre à perte : le long terme occasionne des ventes à perte, mais dans la composition de votre portefeuille, il y aura aussi, au fil du temps, des valeurs qui monteront – ainsi, les mauvais choix seront largement compensés par les réussites. Par exemple, vendre, au fil du temps, 15% de votre compte en perdant en moyenne 20% passera facilement si vous avez aussi vendu 40% de ce même compte en gagnant en moyenne 30 ou 40%.

b) J’ai du mal à acheter « cher » (toute chose étant relative par elle-même) : c’est normal, dans la vie, on cherche des promotions, des bas prix, d’autant qu’on évolue dans une société de marketing quasiment en promotion permanente. Cela tombe très bien, puisque, comme déjà écrit plus haut, l’investisseur doit acquérir des titres lorsque les marchés chutent, et plus généralement, chercher en permanence des entreprises qui lui semble mal valorisées par le marché.

c) J’ai besoin de réfléchir, de peser le pour et le contre, avant de prendre une décision : cela tombe très bien, l’investisseur a un rapport au temps qui lui permet de réfléchir avant chaque décision, et c’est même indispensable car les choix effectués au fil du temps l’accompagneront souvent durant quelques années. Avant de se marier, on réfléchit souvent longtemps, ce qui n’empêchera pas une bonne moitié des unions de mal finir. En investissant à long terme, on se marie simultanément avec des entreprises différentes, et si on respecte bien les quatre règles édictées précédemment, seuls quelques mariages se termineront mal, tandis qu’une bonne partie vous apportera une satisfaction mesurée, mais quelques autres se termineront en apothéose !

III) LE TRADING (intraday, swing-trading) :

Sauf exception, votre profil naturel ne sera pas adapté à cette activité et il vous faudra beaucoup travailler pour oublier certains réflexes naturels néfastes à cette activité à haut risque.

Tout d’abord, il est nécessaire d’éliminer les trois penchants naturels du paragraphe précédent : en effet, le trader se moque de la valorisation d’une entreprise, ce n’est pas son problème de savoir si elle est considérée chère ou pas, puisqu’il ne va pas se marier avec, il cherche juste à tirer des coups rapides, si possible dans la tendance (vente à découvert dans une tendance baissière, achat, à découvert ou pas, dans une tendance haussière). En résumé, pour continuer sur l’image du mariage, le trader est un Casanova, surtout pas un amoureux transi.

Si tout se passe bien, le trader prendra ses profits sur les objectifs successifs sans état d’âme, et si tout se passe mal, il en fera de même en coupant à perte sa position sur le niveau défini préalablement. En outre, le trader ne réfléchit pas, cela prend trop de temps : il analyse son graphique et agit, dans l’idéal comme un robot, uniquement si la configuration est favorable à son objectif (c’est à dire avoir au moins 60% de probabilité de gagner dans un laps de temps court, de quelques heures à quelques jours). C’est psychologiquement très difficile, c’est pourquoi la plupart des professionnels (banques, fonds, sociétés de bourse, milliardaires etc) font appel à des informaticiens formés à la finance pour programmer des algorithmes qui interviendront automatiquement sur les marchés pour éviter tous les biais négatifs du naturel humain.

La taille de la position : sauf exception, le trading apportera des gains/pertes, en pourcentage, moins élevés qu’en investissement (j’exclue ici les valeurs 100% spéculatives qui peuvent varier de plus de 50% en une seule journée, elles sont réservées aux traders déjà gagnants et expérimentés). Le trader doit donc engager, par définition, une partie plus importante de son capital que ne le fait l’investisseur : ce sera souvent 5% minimum et 10% maximum, voire plus pour les plus aguerris, ce qui occasionne des variations en euros beaucoup plus importantes que l’investisseur qui se limitera, selon mes critères, à 3 ou 4% maximum de son capital renforts éventuels compris. Pour information, mon 1er achat sur un titre est effectué entre 0.80 et 1.5% du capital au maximum, sachant que je ne monte jamais à plus de 5% renforts inclus. Ainsi, en trading, le stress induit par ces tailles importantes doit être maîtrisé, ce qui n’est pas une mince affaire sachant que :

Le nombre d’opérations, en trading, est important : contrairement à l’investisseur, le trader va passer beaucoup plus d’ordres, il va devoir « être au feu » en permanence pour gérer les positions en cours tout en recherchant sans cesse de nouvelles opportunités, et encaisser les mauvaises séries sans sourciller, tout en évitant de prendre la grosse tête (excès de confiance) dans les moments forts où il enchaîne les gains. Ainsi, le trader doit utiliser une méthode de gestion efficace (money-management), ne pas être sensible au prix, avoir un bagage technique de qualité, et disposer de temps tout en ayant l’endurance nécessaire à son activité, endurance autant physique que psychologique. Le trading est une somme importantes d’opérations dont le résultat global doit être positif, le taux de réussite n’est pas un critère : la plupart des traders gagnants sont souvent à moins de 40% de taux réussite sachant que 20% de leurs opérations font la performance (les 80 autres % donnent un résultat de zéro). C’est la forte rotation du capital qui leur permet de réaliser des performances annuelles très supérieures à celle du marché, mais vous l’aurez compris, c’est au prix d’un professionnalisme sans faille qui demande énormément de travail en amont (pour construire sa méthode, pour gommer les biais naturels négatifs) et énormément de temps chaque jour.

IV) CONCLUSION, QUESTIONNAIRE :

Investissement moyen long terme : en respectant les quatre règles de base, il n’y a aucune raison que vous ne réussissiez pas à faire fructifier votre capital au fil des années, cela quelque soit votre profil.

Trading : cette activité, éprouvante autant psychologiquement que physiquement, vous demandera un travail préalable plus ou moins important. Soyez conscient que le risque de perte intégrale de votre capital sera quasiment de 100% si vous vous lancez « la fleur au fusil ». Selon votre profil, le travail à effectuer sera « insurmontable » (c’est mon cas) et dans la plupart des cas « long et fastidieux », sauf pour les profils exceptionnellement adaptés pour réussir dans cette activité.

Pour avoir une idée plus précise concernant votre cas personnel, voici un questionnaire qui vous aidera peut-être : répondez SINCEREMENT « oui » ou « non » et faites le bilan, bonne chance !

1/ Exercez-vous, ou avez-vous exercé une profession ou une (plusieurs) activité(s) à risque, comme par exemple conducteur d’engins de chantier, élagueur, couvreur, peintre en bâtiment, sports de combat, sports de vitesse, alpinisme ?

2/ Etes-vous régulier dans vos comportements, imperturbable ?

3/ L’argent, quand vous en perdez, de quelque façon que ce soit, provoque-t-il une déception de courte durée ?

4/ Etes-vous persévérant ?

5/ Les autres disent-ils que vous avez une grosse capacité de travail ?

6/ Restez vous stoïque en regardant un film « à l’eau de rose » ou en écoutant une musique (et-ou des paroles, un poème) qui vous touchent personnellement ?

7/ Appliquez-vous à la lettre les règles que vous vous êtes fixées (par exemple, si vous adorez un peu trop le chocolat : ce week-end, pas de chocolat) ?

8/ Appliquez-vous à la lettre les ordres reçus et-ou les règles fixées par d’autres (vos parents, votre chef, l’état) ?

9/ Aimez-vous la solitude ?

10/ Etes-vous quelqu’un d’inflexible ?

Plus vous avez de « oui », moins vous aurez de travail à effectuer pour devenir un trader avec de bonnes chances de réussite – moins vous en avez, et plus il faudra travailler sur vous-même avant même d’engager le moindre euro dans cette activité.

Pour être totalement transparent, je totalise seulement trois « oui » à ce questionnaire (questions 3, 5 et 9).

Dernière chose que je n’ai pas évoquée mais qui est indispensable pour devenir un trader compétent : apprendre les bases de l’analyse technique – si vous cherchez de bons professeurs qui tradent réellement sur les marchés et qui gagnent, n’hésitez pas à me contacter par e-mail (redaction@nouveautrader.com), je connais des personnes très compétentes dans ce domaine.

4 Réponses to “Investissement ou trading ? Mieux se connaître pour améliorer ses performances”

  1. CORSAIRAF 2 mars 2022 at 10 h 53 min #

    Bonjour Olivier,

    Comme tu ne le sais pas (lol), je me suis spécialiser, je suis trader maintenant(particulier) j ai commencé en 2008, avec la crise, j ai tout perdu, puis j ai re fait un capital, plus agueeri, j ai tout perdu, 2012, cette fois je suis sur de moi, re capital, 2018 Pa ta tras,!!!Depuis 2008, que des pertes, enfin maintenant, je gagne un peu d argent, stops tres serrés, Money management a Mort!!!, reflexion recul, j ai compris que trader, c est un peu comme la chasse(je ne suis pas chasseur) beaucoup d attente, pour débusquer le gibier, il faut etre patient, tres rigoureux, j adore ton article car tout y est résumé,…j engage les jeunes a te contacter, au moins ils perdront moins d argent§§§

    • Olivier Huneau 4 mars 2022 at 8 h 31 min #

      Le plus adapté à tout le monde, c’est l’investissement … sinon, il faut se former techniquement et beaucoup travailler en amont avant de se lancer ! Merci de ton témoignage et bonne journée malgré la situation du monde …

  2. CORSAIRAF 4 mars 2022 at 9 h 21 min #

    Bonjour Olivier, penses tu que nous sommes rentrés dans des marchés baissiers, ??

    • Olivier Huneau 4 mars 2022 at 13 h 26 min #

      Hello, depuis la rupture des 6640 points (point-pivot annuel), la tendance 2022 est baissière – à très long terme, en prenant le bas de 2009 (2860) et le haut 2021 (7384), on obtient un retracement à 50% à 4925 – ma réponse serait donc : baissier pour 2022 (moyen terme), encore haussier à long terme.

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