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Avant la Fontaine et Jésus, Esope

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Les exagérations humaines décrites par Esope

Esope : (VIIe siècle avant JC – VIe siècle avant JC), écrivain grec d’origine thrace à qui on attribue la paternité de la fable comme genre littéraire. La Fontaine s’est beaucoup inspiré des fables d’Esope – aujourd’hui, je suis allé chercher quelques histoires mettant en relief nos exagérations, responsables de la crise que nous vivons aujourd’hui : les remèdes sont simples, et ne résident pas dans des plans de sauvetage qui s’empilent pour faire survivre les exagérations qui nourrissent le sommet et asoiffent la base …

De la Poule trop grasse.
Une Poule pondait tous les jours un oeuf à son Maître.  » Elle m’en pondra deux, disait celui-ci en lui-même, si je lui donne double nourriture.  » Là-dessus le voilà qui lui jette et rejette du grain d’heure en heure, et en abondance. Mais qu’arriva-t-il ? La Poule, à force d’être bien nourrie, devint si grasse, que bientôt elle pondit moins, et enfin ne pondit plus.

D’une Oie et de son Maître.
Un homme avait dans sa maison une Oie qui lui pondait chaque jour un oeuf de pur or. Cet homme se persuadant follement qu’il y avait dans le ventre de l’Oie une mine de ce précieux métal, la tua pour s’enrichir tout d’un coup. Mais ayant ouvert le ventre de son Oie, et n’y trouvant que ce que l’on trouve dans les Oies ordinaires, il commença à se désespérer et à jeter de hauts cris ; de sorte qu’il perdit des richesses médiocres, voulant en amasser d’immenses et d’excessives.

De la Grenouille et du Boeuf.
La Grenouille ayant un jour aperçu un Boeuf qui paissait dans une prairie, se flatta de pouvoir devenir aussi grosse que cet animal. Elle fit donc de grands efforts pour enfler les rides de son corps, et demanda à ses compagnes si sa taille commençait à approcher de celle du Boeuf. Elles lui répondirent que non. Elle fit donc de nouveaux efforts pour s’enfler toujours de plus en plus, et demanda encore une autre fois aux Grenouilles si elle égalait à peu près la grosseur du Boeuf. Elles lui firent la même réponse que la première fois. La Grenouille ne changea pas pour cela de dessein ; mais la violence qu’elle se fit pour s’enfler fut si grande, qu’elle en creva sur-le-champ.

D’un Bûcheron et d’une Forêt.
Un Bûcheron entrant dans une Forêt, lui demanda la permission de prendre du bois pour faire un manche à sa cognée. Elle y consentit ; mais peu de temps après, elle se repentit de sa complaisance car le Bûcheron se servit de sa cognée pour couper de grandes branches d’arbres, et pour dépouiller la Forêt de ses principaux ornements, sans qu’elle pût s’en défendre, parce qu’elle avait fourni des armes au Bûcheron contre elle-même.

De la Belette et du Renard.
Un Renard pressé de la faim, entra un jour dans une Grange par une ouverture fort étroite. Après avoir mangé tout son soûl, il voulut sortir par la même ouverture ; mais tous ses efforts furent inutiles, parce que la grosseur de son ventre l’en empêchait. La Belette qui l’aperçut de loin, et qui connut son embarras, accourut pour lui donner conseil, et pour le secourir. Après avoir examiné l’état où il se trouvait, elle lui dit qu’il devait attendre, pour sortir de la grange, qu’il fût aussi décharné et aussi maigre qu’il était avant que d’y entrer.

J’espère que vous aurez passé quelques agréables minutes à parcourir ces fables : pour l’austère futur qui nous attend, il nous faudra être de bons pilotes, en bourse comme dans la vie.

Du Pilote.
Le vent était favorable et la mer tranquille, et cependant un Pilote y visitait son vaisseau, plaçait son ancre, préparait ses cordages, allait deçà, delà autour de ses voiles, et prenait garde à tout. Un de ses passagers s’en étonna.  » Patron, lui dit-il, à quoi bon vous empresser si fort ? À voir cette agitation, qui ne croirait que nous serions à la veille de péril ? et cependant la mer et le vent, tout nous rit. Que craignez-vous ? – Rien pour le présent, répondit le sage pilote ; mais pour l’avenir, je crains toujours. Lorsque nous y penserons le moins, une tempête peut s’élever. Où en serions-nous, je vous prie, si elle venait nous surprendre au dépourvu ? « 

Bon dimanche et à demain matin, pour de nouvelles aventures boursières.