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Alstom, Arcelor, Axa : année pourrie

22H05

FAUT-IL S'INTERESSER AUX "3A" ?

Alors que les marchés financiers n'ont pas réalisé le Black Friday souhaité (DOW a clôturé à 11092, -0.85%), et que l'ambiance se tend en Europe, le moment me semble bien choisi pour faire un point sur trois titres du CAC40 qui ne font pas la joie des actionnaires qui les ont acquis en début d'année.

Pour un vendredi qui devait être "de récupération", j'ai finalement bossé autant que d'habitude, si ce n'est plus ! La liberté est toute relative, lorsque l'on s'est fixé de suivre la vie des bourses de façon sérieuse : le Boss dicte le volume de travail, et l'opérateur, analyste ou gestionnaire, s'adapte à une prime de risque en perpétuelle évolution. Voici donc le supplément week-end 🙂

Les trois "A*", des poids lourds dans leurs secteurs respectifs, j'ai nommé ALSTOM, AXA et ARCELOR, se sont faits lapidés en 2010 après trop d'excès boursiers en 2009. Aujourd'hui, on peut se demander s'il n'est pas tant de regarder ces dossiers avec les yeux de l'investisseur de moyen long terme qui recherche le rendement auprès de multinationales en lieu et place des Etats défaillants, dont la signature tourne plutôt vers un "gribouillis" tellement leurs mains tremblent sous le poids de leurs dettes.

* Air Liquide est le 4ème, dans ma liste de titres à privilégier, suis en attente pour revenir sur la valeur, au maximum à 88E – le cinquième, Alcatel, je suis à l'écart – le sixième Accor, fait partie de ma liste de second choix, mais j'ai raté la hausse suite à la séparation des activités du groupe en bourse.

Premier "A" : Arcelor-Mittal, -25% depuis le début de l'année

L'acier, la base de l'alliance européenne des premières années, cette fameuse sidérurgie, un souvenir de la France, était tombée en les mains de l'indien Mittal, dans la logique de la mondialisation, à l'intérieur d'un secteur encore très éclaté aujourd'hui. L'acier, c'est cyclique, c'est le désavantage par rapport au pétrole ou aux denrées alimentaires, activités récurrentes (défensif) : cela implique qu'il faut essayer de rentrer en bas de cycle quand on veut attraper un rendement suffisant pour passer les prochains creux en conservant un bon taux de distribution (rappel : même si je travaille avec des allers-retours de court terme, l'investissement est basé sur un objectif final de moyen terme, et est donc susceptible d'être conservé pendant une longue période). Rentrer sur Arcelor implique donc une gestion plus active si la première entrée se solde par une moins-value latente durable, sauf si on démarre seulement à partir de 20E, voire 22E au plus cher, tout du moins par rapport à mes repères historiques de prix depuis la fusion avec Mittal.

L'essentiel sur le numéro un mondial de la sidérurgie : 45 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2009 contre 80 milliards en 2008, haut du cycle – pour les 9 premiers mois de 2010, avec un euro à 1.3240$, le CA ressort à 46.3 milliards d'euros (source, le site d'Arcelor), soit une année de restockage après soldes dans l'automobile, année de timide reprise, dont l'entreprise profite aussitôt —> pour 2011, au vu de mon analyse de la situation générale, je ne prévois pas de miracle, donc je commence à mettre le titre sous surveillance à 22E, pas avant.

Arcelor-Mittal dispose de la puissance et de la confiance nécessaire pour être à l'abri de tout problème de cash (émissions régulière d'obligations convertibles à chaque fois sur-souscrites) – en outre, sa position de numéro un lui confère un niveau de risque inférieur aux autres valeurs de son secteur, qui reste toutefois peu concentré – il faut donc savoir que des dilutions futures sont à prévoir (conversion des obligations en actions), c'est normal, nous sommes dans l'industrie lourde, il faut avoir une vision de long terme sur de tels dossiers, par ailleurs très volatiles sur le court terme, gare à votre gestion !

Au niveau de la répartition du chiffres d'affaires, l'Asie représente encore peu malgré la nationalité de Mittal (17%), mais la diversification est au rendez-vous, avec une présence de 15% aux USA, 27% en Europe hors Allemagne (10%) et France (encore 8% de "traces" d'Usinor … une belle affaire de long terme pour qui a su rentrer sous les 10 euros, il y a un peu moins de 10 ans).

Pour le dividende, c'est loin des standards de gestion du compte, avec un 2.17% en instantané – je cherche 4%, il faudra donc coter 12E pour satisfaire mon besoin, utopique à court terme, possible à long terme.

Second "A" : Alstom, -35% depuis le début de l'année

Presque 20 milliards d'euros de chiffres d'affaires sur le dernier exercice (mars à mars) avec déjà un petit pied dans l'entreprise pour le portefeuille, puisque Bouygues est actionnaire d'Alstom à hauteur de 30% – Alstom a fait perdre de l'argent à de nombreux actionnaires lors de la restructuration des années 2000/2005, car il a fallu travailler son prix et participer aux augmentations de capital pour pouvoir rester dans le coup – ce titre est donc un mal-aimé, tout comme Alcatel, France Telecom ou Vivendi, ce qui lui confère un profil disons "moyen", même pas compensée par un dividende attractif (3% seulement).

Alstom est l'un des principaux fabricants mondiaux d'infrastructures destinées aux secteurs de l'énergie et du transport, la répartition de son CA étant encore prépondérant en Europe (50%), l'Asie représente 11% – la société rebondit bien depuis quelques années, avec une courbe de chiffre d'affaires et de résultat en croissance régulière – par contre, au niveau de la courbe, ce n'est pas ça – je surveillerai un éventuel test des 29.50E, histoire de voir s'il y a des acheteurs qui sortent du bois – dans l'absolu, il vaudrait mieux attendre un retour d'une tendance un peu plus encourageante …  

Troisième "A", Axa : -28% depuis le début de l'année 

L'assureur vient de casser les 12E, un prix qui commence à attirer mon attention, même si l'entreprise fait partie du secteur financier, et serait fortement impactée dans le cadre d'une aggravation de la crise de la dette en Europe – l'avenir est sombre d'un côté, mais tout bleu de l'autre : la rémission des Etats sur le plan de leur mission sociale, devrait permettre à Axa de récupérer des clients dans son coeur de métier : l'assurance ! une clientèle aisée qui demandera de plus en plus de services anciennement offert par la Nation, un temps qui tend à disparaître lentement, au profit d'un modèle mi-public, mi-privé (préparez-vous, préparez vos enfants à cet avenir : gestion personnelle de sa santé et des risques associés, de son éventuelle vieillesse etc).

Le gros talon d'Achille, ce sont les obligations d'Etat, qui pèsent lourd dans le bilan d'Axa (500 millions d'euros d'exposition à la dette grecque, soit 21 cents par titre, pour donner une idée) : si l'Europe doit affronter le pire, la valeur sera massacrée en bonne et due forme – donc, extrême prudence sur ce dossier – je préfère le premier "A", où le circuit de financement et les rentrées de cash sont en dehors de la sphère publique – peu connu chez les émergents, le groupe Axa se concentre sur la France, l'Europe et les Etats-Unis … très présent en Suisse (7.7%), un bon point.

Il faudra travailler "au coup" lors d'un éventuel trou d'air sur la prochaine phase de la crise de la dette des excès de cupidité, qui concernera le Portugal et l'Espagne, serrez vos ceintures, la route est glissante 🙂 repères : 11.50E dernier rempart technique, a déjà servi deux fois de support moyen terme, en dessous, il y a un précipice —> soyez très vigilents sur tout le secteur de la finance (rappel : suis à l'écart des bancaires depuis plus de deux ans), lié aux Etats, eux-mêmes liés à nous …

Le rendement instantané est attractif à plus de 5% mais sera impacté en cas de durcissement de la crise – en 2009, j'avais acheté à 9.50E et à autour de 6E si mes souvenirs sont bons, des prix à retenir comme repères si les 11.50E ne tenaient pas.

Prochain RDV demain pour préparer la semaine prochaine.